Les provinces du Sud, nouveau pôle d’investissement stratégique du Maroc
L’effort d’investissement public se manifeste également dans le domaine hydraulique. À Dakhla, par exemple, un projet intégré de dessalement d’eau de mer pour l’irrigation est en cours pour un coût de 2,5 milliards de dirhams, comprenant une station de dessalement, un parc éolien de 40 mégawatts (MW) et un réseau d’irrigation sur 5.000 hectares. À Guelmim, un autre projet de dessalement, estimé à 2,03 milliards de dirhams, prévoit une capacité de 47 millions de mètres cubes par an pour l’alimentation en eau potable et l’agriculture.
Dans la région de Laâyoune-Sakia El Hamra, le géant de l’industrie phosphatière, le Groupe OCP, mène deux chantiers de taille : la construction de la laverie de Laâyoune, dont le taux de réalisation avoisine actuellement les 88%, et la réalisation du nouveau port phosphatier de Laâyoune, dont la mise en service est prévue cette année même. Ces projets stratégiques auront la vertu de renforcer les capacités logistiques et industrielles de la région et de valoriser ses ressources naturelles.
Dans le domaine de la formation et de l’emploi, la région de Laâyoune-Sakia El Hamra dispose déjà de sa Cité des métiers et des compétences (CMC), tandis que celles de Dakhla-Oued Eddahab et Guelmim-Oued Noun seront opérationnelles en 2026. Ces plateformes régionales offrent des formations adaptées aux besoins économiques locaux, en particulier dans les métiers liés aux énergies renouvelables, à la logistique et à l’agro-industrie.
L’action publique dans ces territoires s’étend également au domaine de la santé, avec le déploiement progressif des Groupements sanitaires territoriaux (GST), nouvelle architecture de gouvernance hospitalière qui concernera notamment les trois régions du Sud.
S’agissant de l’énergie, les provinces du Sud s’imposent comme un levier clé de la stratégie énergétique nationale. Dans le cadre de la Feuille de route pilotée par Masen, ces territoires accueilleront une part importante des projets liés à l’hydrogène vert, pour un investissement global estimé à plus de 370 milliards de dirhams. Ces investissements, inscrits dans le cadre de l’«Offre Maroc», positionnent les régions du Sud comme un futur hub énergétique continental.
Mais en dépit de ces avancées, la part des investissements publics affectés à ces régions demeure inférieure à 3% du total national. Une situation qui conforte l’Appel de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dans Son Discours du Trône du 29 juillet 2025, à lancer une nouvelle génération de programmes de développement territorial intégrés, fondés sur la valorisation des spécificités locales et la consolidation de la cohésion interrégionale.
La dynamique de développement des provinces du Sud se confirme également à la lecture des dernières données sur la mobilisation du foncier public destiné à l’investissement. En effet, ces territoires enregistrent une concentration notable de projets à forte valeur ajoutée, soutenus par une politique foncière volontariste et une implication croissante des établissements publics. Ainsi, la région de Laâyoune-Sakia El Hamra domine largement les indicateurs. Au titre du premier semestre 2025, la Direction des domaines de l’État y a mobilisé près de 16.423 hectares pour la réalisation de 41 projets d’investissement, d’une enveloppe globale de 8,02 milliards de dirhams, permettant la création de 1.308 emplois. Le secteur de l’énergie concentre plus de 97% de la superficie mobilisée, consacrée à l’installation de trois parcs éoliens : un à Laâyoune (2,5 milliards de DH) et deux à Boujdour (4,35 milliards de DH). L’agro-industrie et les services figurent également parmi les secteurs dynamiques, cette région captant 75,9% de la superficie nationale allouée à l’agro-industrie au cours de la même période, confirmant sa vocation de pôle de transformation et de logistique du Sud.
La région de Dakhla-Oued Eddahab consolide, quant à elle, son positionnement de pôle économique émergent. Elle a bénéficié de 40 projets d’investissement, s’étendant sur 893 hectares, pour une enveloppe totale de 1,425 milliard de dirhams, et générant 2.105 emplois directs. Le secteur des mines y domine avec 83% de la superficie mobilisée, tandis que les services et le tourisme se distinguent en matière d’emplois et d’investissements. L’énergie, l’agro-industrie, la santé et l’enseignement figurent également parmi les filières appuyées. Ces investissements s’inscrivent dans la continuité de la mobilisation de 29.580 hectares en 2024, destinés à des projets intégrés à haute valeur ajoutée, dont 87% concernent le secteur énergétique.
La région de Guelmim-Oued Noun affiche, elle aussi, une montée en puissance. En 2025, quelque 341 hectares y ont été mobilisés pour 8 projets totalisant 1,34 milliard de dirhams d’investissement et 314 emplois créés. En 2024, la région avait déjà bénéficié de 9 projets couvrant 273 hectares, pour 8,92 milliards de dirhams et 1.204 emplois. Les secteurs de l’énergie, de l’industrie et des mines y prédominent, représentant ensemble la quasi-totalité du foncier mobilisé. Cette orientation traduit clairement la volonté de l’État d’ancrer durablement cette région dans la stratégie nationale de diversification énergétique et industrielle.
Les secteurs sociaux et artisanaux ne sont pas en reste. À Laâyoune, la Direction des domaines de l’État a mobilisé 56 hectares pour l’extension de la zone d’activité artisanale, avec un investissement de 152 millions de dirhams et la création de 100 emplois. L’habitat bénéficie aussi d’une dynamique notable, avec une enveloppe de 1,44 milliard de dirhams au titre du premier semestre 2025, tandis que le foncier destiné à la formation et à la santé continue d’être réservé pour les nouvelles infrastructures publiques régionales.
La ventilation nationale du foncier mobilisé montre que les trois régions du Sud concentrent une part importante de l’investissement : plus de 50% de la superficie totale allouée aux projets énergétiques se situe dans ces territoires, avec Laâyoune-Sakia El Hamra en tête (54%), suivie de Guelmim-Oued Noun (38%) et Dakhla-Oued Eddahab (7%). Ces projets totalisent près de 8,5 milliards de dirhams d’investissements et plus de 460 emplois à créer, traduisant l’intégration progressive du Sud dans les grands chantiers énergétiques nationaux.
Les provinces du Sud ne se limitent donc plus à un rôle périphérique, mais s’affirment comme pôles structurants de l’économie nationale, articulant énergie, agro-industrie, tourisme et formation autour de projets à fort impact territorial. Cette montée en puissance illustre la réussite du modèle de développement spécifique lancé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, fondé sur la mobilisation rationnelle du foncier public et sur la création d’un tissu économique régional intégré et durable.
 2025-11-03 15:58:00
lematin.ma

                                                

