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AFIS 2025 : L’Afrique à la croisée des chemins financiers entre souveraineté, intégration et confiance

AFIS 2025 : L’Afrique à la croisée des chemins financiers entre souveraineté, intégration et confiance

AFIS 2025 : L’Afrique à la croisée des chemins financiers entre souveraineté, intégration et confiance

Rendant hommage à la vision panafricaine du Souverain, Nadia Fettah a rappelé les propos de Sa Majesté Mohammed VI au Forum Mo Ibrahim : « Le financement du développement en Afrique nécessite une action collective combinant coopération régionale et internationale ». Elle a estimé que cette conviction « résume l’esprit de notre rencontre : la souveraineté financière n’est pas un slogan, c’est une exigence, un devoir collectif ». Chiffres à l’appui, elle a salué la résilience du continent, avec une croissance attendue de 3,8% selon la BAD et de 4% selon le FMI en 2025, tout en soulignant la nécessité de « transformer cette croissance en autonomie et en solidarité ». L’Afrique, a-t-elle rappelé, épargne plus de 500 milliards de dollars par an, mais moins de 10% de cette épargne est réinvestie localement. D’où son appel à une « finance africaine mieux intégrée », soutenue par des initiatives structurantes comme le PAPSS, l’AELP et la montée en puissance des fintechs africaines. Elle a également évoqué le parcours du Maroc, dont la note Investment Grade a récemment été restaurée, réaffirmant l’engagement du Royaume à promouvoir « un modèle africain fondé sur la stabilité et l’investissement ». Et de conclure sur un ton empreint d’optimisme : « L’Afrique n’a pas besoin d’être sauvée. Elle doit simplement mobiliser sa propre force, celle de ses institutions, de ses femmes, de ses hommes et de son épargne. L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique. »

Dans la même lignée, Makhtar Diop, directeur général de la Société Financière Internationale (SFI), a lancé un appel à l’action collective pour bâtir un avenir économique inclusif et durable. « Nous sommes réunis ici pour façonner l’avenir financier de l’Afrique. Et l’urgence est réelle », a-t-il affirmé, rappelant qu’au cours de la prochaine décennie, plus de 300 millions de jeunes Africains arriveront sur le marché du travail. Sous le thème « Libérer la puissance financière de l’Afrique : mobiliser à grande échelle les capitaux nationaux », il a insisté sur la nécessité de mobiliser toutes les ressources disponibles (épargne africaine, marchés régionaux, investissements internationaux stratégiques) et de placer la création d’emplois au cœur des priorités. Selon lui, cette ambition repose sur trois piliers essentiels : l’investissement dans les infrastructures et le capital humain, la réforme des cadres réglementaires et la mobilisation du secteur privé à grande échelle.

Citant des projets phares tels que Mission 300, destiné à fournir l’électricité à 300 millions d’Africains d’ici 2030, et AgriConnect, visant à transformer l’agriculture en moteur d’emplois, Makhtar Diop a souligné la dynamique de transformation en cours au sein du groupe Banque mondiale. La SFI et la MIGA, a-t-il expliqué, cherchent désormais à « transformer les contraintes en leviers », en adoptant un modèle « originate-to-distribute » qui permet de mieux mobiliser les capitaux privés et de réduire la dépendance aux financements publics. Il a également insisté sur l’importance des financements en monnaie locale, capables de renforcer la résilience des PME et de stimuler l’investissement productif. « Notre objectif est de créer les conditions d’un écosystème financier fluide, transparent et inclusif où le capital circule vers les opportunités les plus prometteuses du continent », a-t-il affirmé. Et d’ajouter, avec un ton d’urgence et de responsabilité : « Nous devons agir avec l’urgence que nous dicte notre jeunesse. »

Les échanges qui ont suivi entre responsables publics, investisseurs et acteurs du secteur privé ont permis de dégager une vision structurée des défis qui freinent encore la transformation du capital africain en moteur de développement. Tous s’accordent sur un constat : l’Afrique dispose déjà des ressources nécessaires, qu’il s’agisse de l’épargne domestique, des fonds de pension ou des capitaux institutionnels, mais ces ressources ne circulent pas suffisamment au sein du continent. L’un des constats les plus marquants est que le capital africain reste trop souvent “en quête de visa”, orienté vers les marchés étrangers plutôt que vers les opportunités locales, en raison d’un manque d’interconnexion entre les marchés, de cadres réglementaires contraignants et d’une confiance encore fragile dans les institutions financières locales.

Pour y remédier, trois leviers structurants ont été identifiés : le scénario, l’institution et le cadre. Le premier consiste à construire un scénario africain d’intégration financière, où les marchés collaborent au lieu d’évoluer en silos. Le deuxième, institutionnel, repose sur des régulateurs indépendants et bien dotés, garants de règles claires et prévisibles. Enfin, le troisième levier concerne le cadre incitatif, à travers la création d’environnements fiscaux, réglementaires et administratifs favorisant l’investissement domestique et la mobilisation de l’épargne privée vers des projets productifs.

La confiance est apparue comme la pierre angulaire de ce chantier. Sans elle, les investisseurs locaux continuent de se tourner vers l’extérieur, accentuant la fuite des capitaux. Restaurer cette confiance implique plus de transparence, de stabilité politique et économique, mais aussi une meilleure préparation des projets d’investissement. Le défi, ont reconnu plusieurs intervenants, n’est pas un déficit de liquidités mais un déficit de projets bancables.

Les discussions ont aussi convergé sur la nécessité de renforcer le financement des PME, véritables moteurs de la croissance inclusive. Ces entreprises, qui représentent 80 à 90% des emplois sur le continent, peinent encore à accéder au crédit, freinées par la rigidité des garanties exigées et le coût élevé du financement. Les participants ont plaidé pour un nouveau paradigme du crédit, fondé sur la performance et la transparence plutôt que sur les seules garanties matérielles. Les fintechs africaines, par leur capacité à exploiter les données comportementales et transactionnelles, pourraient devenir un levier clé pour rétablir la confiance et fluidifier l’accès au financement.

Enfin, la question du renforcement des bilans bancaires a été largement débattue. Le total des fonds propres des cent premières banques africaines demeure autour de 126 milliards de dollars, un niveau encore faible face aux besoins d’infrastructures, d’énergie ou de transformation industrielle. Pour combler ce déficit, les propositions ont convergé vers une meilleure capitalisation des banques via les fonds souverains et les fonds de pension, la création de marchés de capitaux de long terme et une plus grande disponibilité des devises étrangères pour soutenir les investissements stratégiques.

Les intervenants ont appelé à changer le récit africain : celui d’un continent non pas en attente de solutions, mais capable de les créer. La souveraineté financière de l’Afrique, ont-ils convenu, ne se décrète pas : elle se construit pas à pas, à travers une intégration régionale renforcée, une gouvernance solide, des projets viables et des institutions de confiance.


2025-11-03 11:41:00

lematin.ma

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