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Les deux opérateurs ont, en effet, signé un accord de fusion et de mutualisation de leurs infrastructures, dans l’objectif de soutenir la mise en œuvre du plan national Morocco digital 2030. Ce dernier ambitionne de connecter 5,4 millions de ménages à la fibre optique et de couvrir 70% du territoire en 5G d’ici à 2030. Selon Khalid Ziani, cette initiative constitue une étape majeure dans l’évolution du secteur. Le modèle économique jusque-là en place ne permettait pas aux opérateurs de répondre aux exigences croissantes de connectivité, en particulier en matière de couverture des zones rurales et de déploiement des nouvelles technologies. «La mutualisation des investissements entre Maroc Telecom et Inwi est un premier pas vers la réalisation de ces objectifs, mais elle nécessite des adaptations réglementaires pour être pleinement effective», souligne l’expert.

Maroc Telecom et Inwi mutualisent leurs infrastructures pour développer la 5G et la fibre optique

Création de deux joint-ventures dédiées aux infrastructures

L’accord prévoit la création de deux joint-ventures (JV) entre Maroc Telecom et Inwi : l’une spécialisée dans le déploiement de la fibre optique, l’autre dans la construction et la gestion des tours et pylônes télécoms. Ces deux entités devraient bénéficier d’un budget initial de 6,3 milliards de dirhams, destiné à financer des infrastructures communes, dans une logique d’optimisation des coûts et d’accélération du déploiement. Cependant, pour que ces structures puissent fonctionner efficacement, leur cadre juridique doit être redéfini. À ce jour, la législation marocaine ne permet pas à de telles JV d’exercer pleinement leurs activités. De plus, le cadre actuel ne garantit pas la neutralité des réseaux, ni leur ouverture à tous les opérateurs et acteurs du numérique. C’est pourquoi Khalid Ziani insiste sur l’urgence d’une réforme réglementaire, qui devrait voir le jour dans les prochaines semaines sous l’impulsion de l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT).

Des opérateurs d’infrastructure neutres et ouverts

Le développement d’opérateurs d’infrastructure, distincts des opérateurs télécoms, est une pratique courante à l’international. Leur rôle est de déployer, entretenir et louer les infrastructures (fibre, antennes 5G, etc.) à différents opérateurs de services. Cette approche permet non seulement de réduire les coûts, mais aussi de garantir une concurrence saine sur le marché. Pour assurer l’indépendance des deux JV créées par Maroc Telecom et Inwi, Khalid Ziani propose d’intégrer un acteur neutre dans leur capital, tel que la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG). Cette dernière pourrait jouer un rôle de garant de la neutralité, en veillant à ce que les infrastructures soient accessibles de manière équitable à tous les opérateurs, y compris Orange, qui n’est pas partie prenante directe de l’accord. «Il faut que les deux opérateurs s’offrent les moyens de garantir la neutralité», affirme Ziani, en soulignant que la gouvernance des JV doit être conçue pour éviter tout risque de monopole ou de discrimination.

Des barèmes de mutualisation déjà en place

Il convient de rappeler que des barèmes de mutualisation ont déjà été publiés par les trois opérateurs (Maroc Telecom, Inwi et Orange), une semaine avant l’annonce de l’accord. Ces barèmes, validés par l’ANRT, fixent les tarifs de gros pour l’accès aux infrastructures, comme la fibre optique à 1 Go. En acceptant ces barèmes, Orange pourra bénéficier des infrastructures communes, bien qu’il ne soit pas, à ce stade, impliqué dans la gouvernance des JV. L’enjeu, selon Ziani, serait d’associer également Orange aux deux JV pour renforcer leur légitimité et garantir une gouvernance équilibrée.

Attirer les investisseurs étrangers : une question de confiance réglementaire

L’expert attire aussi l’attention sur l’intérêt croissant que portent les investisseurs internationaux aux infrastructures numériques marocaines. Selon lui, jusqu’à 100 milliards de dirhams pourraient être mobilisés pour soutenir le développement du secteur. Mais ce potentiel reste freiné par une insécurité réglementaire qui empêche ces acteurs de s’engager pleinement. «Le secteur des télécommunications est très rentable, mais il a besoin d’un cadre clair et sécurisé pour attirer des investissements durables», précise Khalid Ziani. Il évoque notamment la possibilité d’un partenariat public-privé pour structurer ces investissements, à condition que l’environnement juridique soit revu pour protéger les droits des investisseurs.

Le Maroc, un hub numérique sous-exploité

Le Maroc bénéficie d’une position géographique stratégique, à la croisée de l’Afrique et de l’Europe. Pourtant, les principaux câbles sous-marins évitent encore le territoire marocain pour atterrir au Portugal, en Espagne, en France ou en Irlande. Ce choix s’explique en partie par l’absence d’un cadre attractif pour l’accueil et la gestion de ces infrastructures. Selon Ziani, le Royaume a tout à gagner à se positionner comme hub numérique régional, à condition de lever les freins réglementaires existants.

L’importance d’impliquer les régions

Autre point soulevé par l’expert : l’implication des collectivités territoriales dans le développement numérique. Dans des régions comme Drâa-Tafilalet, souvent mal desservies, il serait pertinent que les autorités locales puissent contracter directement avec des opérateurs d’infrastructure pour déployer la connectivité. Cette pratique est fréquente à l’étranger, mais elle demeure incompatible avec la réglementation actuelle au Maroc.

Un appel clair à l’État

Enfin, Khalid Ziani insiste sur la nécessité pour l’État marocain de reprendre un rôle central dans le déploiement des infrastructures numériques, comme il le fait déjà pour les réseaux ferroviaires ou les ports. «Il faut vraiment que l’État recommence à s’impliquer dans la couverture du territoire. Il le fait pour le rail, il le fait pour les ports, mais il ne le fait pas pour le numérique», affirme-t-il avec conviction.


2025-04-20 15:16:00

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