L’Espagne suspend ses exportations de bovins, pas d’impact sur le prix de la viande rouge au Maroc (Professionnels)

Selon des sources de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), citées par des médias, cette suspension a pour objectif de prévenir tout risque de contamination et de protéger le cheptel national. Une campagne de vaccination préventive sera d’ailleurs lancée dans les prochains jours pour immuniser le bétail local. L’ONSSA précise que la viande bovine congelée ou réfrigérée n’est pas concernée par la mesure, qui ne s’applique qu’aux animaux vivants.

Les autorités espagnoles ont confirmé avoir détecté trois cas du virus dans le nord-est de la Catalogne. Classée parmi les maladies animales dangereuses et hautement contagieuses, cette pathologie impose la mise en place de mesures urgentes de confinement afin d’éviter sa propagation.

Le marché marocain reste à l’abri

Si la proximité géographique et les coûts logistiques avantageux faisaient de l’Espagne un fournisseur important pour le Maroc, l’impact de cette suspension reste limité. Selon Hicham Jouabri, secrétaire régional des grossistes en viande rouge à Casablanca, « l’arrêt des exportations espagnoles n’aura aucun effet sur les prix, car le Maroc a déjà diversifié ses sources d’approvisionnement ».

Les chiffres confirment cette tendance : entre août et décembre 2025, le Maroc importera entre 100.000 et 150.000 veaux du Brésil, auxquels s’ajoutent des cargaisons venues d’Uruguay. Ces volumes devraient largement couvrir la demande nationale sans tension sur les prix.

Les tarifs de gros restent pour l’instant stables :

• Veaux brésiliens : entre 68 et 75 dirhams le kilo,
• Bovins uruguayens : entre 75 et 80 dirhams,
• Bétail local ou espagnol : autour de 90 à 92 dirhams.

Le port de Casablanca continuera d’accueillir des arrivages réguliers, avec 14 à 16 navires attendus d’ici la fin de l’année, assurant ainsi un flux constant de bétail importé.

Pour Mohamed Jebli, président de la Fédération marocaine des acteurs du secteur de l’élevage, cette suspension espagnole ne change pas fondamentalement la donne. « Les importations de bovins espagnols ont déjà chuté de plus de 60 % ces derniers mois. Les éleveurs marocains se sont tournés vers d’autres marchés, notamment l’Amérique latine, plus compétitifs et mieux adaptés aux besoins locaux », explique-t-il.

Les opérateurs estiment que le marché restera stable, à condition que la logistique suive et que les autorités maintiennent un dialogue constant avec les importateurs pour anticiper les besoins à venir.

Si le court terme ne suscite pas d’inquiétude, les professionnels demandent néanmoins une vision claire pour l’année 2026. « Nous avons besoin d’une feuille de route qui fixe les priorités du secteur, les conditions fiscales des importations et les mécanismes d’incitation à la production locale », plaide Jouabri.

Les délais logistiques restent un défi : il faut environ 60 jours entre la commande d’un lot de veaux et sa mise sur le marché marocain, compte tenu des temps de quarantaine et de transport.

Les autorités sanitaires marocaines assurent suivre la situation « de très près », en coordination avec leurs homologues espagnols. « Le gel des exportations espagnoles est temporaire et purement préventif. Nous disposons de solutions alternatives suffisantes pour garantir la sécurité sanitaire et l’équilibre du marché », précise-t-on à l’office.