Comment concilier croissance économique et inclusion sociale (Khalid Benomar)
«Agrandir le gâteau avant de le partager»
Tout l’enjeu réside dans la capacité à adopter des modèles qui concilient simultanément les deux impératifs : croissance et inclusion. Le Maroc, estime M. Benomar, a choisi une voie difficile mais nécessaire : «faire de la croissance un outil d’inclusion». Une stratégie qui diffère de celles de nombreux pays ayant misé sur la croissance pure, quitte à traiter la question de l’équité dans un second temps. Or, selon l’expert, «allier croissance et inclusion n’est pas le choix le plus facile, mais le Maroc l’assume et essaie de faire au mieux», affirme-t-il, précisant qu’il s’agit d’un choix courageux, dans un contexte où «certains pays ont préféré démanteler leurs filets sociaux pour maintenir leur rythme de croissance».
Pour le Royaume, la tâche est donc ardue : créer plus de richesse tout en réduisant les écarts n’est pas évident. «La croissance économique crée de moins en moins d’emplois», fait-il remarquer. Ce décalage entre performance macroéconomique et progrès social appelle, selon lui, une réévaluation du modèle actuel : «On a du mal à trouver la bonne recette pour créer de la richesse, mettre en place les vrais mécanismes de redistribution et assurer une inclusion effective.» Cette tension entre ambition économique et justice sociale traverse toute la réflexion de M. Benomar. La croissance, explique-t-il, ne doit pas être réduite à une question de chiffres : elle engage un projet de société. «Il ne s’agit pas seulement de croître, mais de savoir pourquoi et pour qui», résume-t-il finement.
Le sens du risque, maillon manquant du développement
Pour étayer son propos, il avance un exemple concret. «Quelqu’un qui dispose d’un million de dirhams et qui l’investit dans l’immobilier crée de l’emploi pour la construction, puis tout s’arrête là. Mais s’il investit ce même montant dans une entreprise, une startup ou une petite industrie, il crée un emploi durable et une dynamique de valeur.» Cette réticence face au risque, poursuit-il, ne s’explique pas seulement par un manque de culture entrepreneuriale. Elle tient aussi à des contraintes structurelles. «Il y a les deux. D’un côté, un déficit d’accompagnement et de culture de l’entrepreneuriat, comme l’a d’ailleurs montré le diagnostic du modèle de développement. Et de l’autre, un environnement économique qui n’encourage pas toujours à oser.»
Malgré ces obstacles, l’invité de Rachid Hallaouy met en avant le potentiel considérable de la jeunesse marocaine. «Les jeunes Marocains sont extrêmement débrouillards, et les réussites de nos compatriotes à l’étranger en témoignent. Mais nous manquons encore d’une culture généralisée qui pousse les jeunes à aller vers l’industrie, l’innovation ou la production.» Ce constat l’amène à pointer un autre verrou : celui du climat des affaires et du fonctionnement administratif. «La réforme de l’administration n’a pas suffisamment encouragé, depuis plusieurs décennies, les jeunes à tenter, à entreprendre, à prendre des risques.» Cette inertie nourrit une peur persistante de l’échec, y compris chez les entrepreneurs expérimentés. «Cette appréhension ne touche pas seulement les jeunes, mais aussi les entrepreneurs les plus aguerris.» Pour lui, la question dépasse le seul champ économique. «Dès qu’on dispose d’une petite épargne, il faut apprendre à la diriger vers des secteurs productifs, même à l’échelle individuelle ou de proximité. Cela peut transformer à la fois notre modèle de croissance et notre modèle d’emploi.»
Un État fort, mais à réinventer
Cependant, cette force ne doit pas se muer en lourdeur paralysante. «Il faut aller encore plus loin dans la réforme de l’administration et dans la digitalisation, afin de réduire les interactions et de fluidifier les procédures», recommande-t-il. À ses yeux, l’amélioration du climat des affaires constitue une condition essentielle pour restaurer la confiance et libérer les énergies. M. Benomar rappelle à ce titre que le Maroc a réalisé d’importants progrès, mais que certaines lenteurs subsistent. «Nous faisons partie des pays qui disposent de l’un des meilleurs climats des affaires de la région, mais il y a encore des domaines où nous régressons.» Cette fragilité, estime-t-il, tient moins aux textes qu’à leur application. «Nous avons parfois des lois que nous n’arrivons pas à faire vivre, et c’est souvent lié à un rythme administratif qui reste trop rigide.»
Dans cette optique, il plaide pour une réforme structurelle du service public. «L’administration n’a pas toujours su accompagner les initiatives. Il faut aller vers un système plus souple, plus agile.» Pour l’économiste, cette modernisation suppose un nouveau rapport entre la fonction publique et l’initiative privée. «Un fonctionnaire ne devrait pas être condamné à le rester à vie s’il souhaite entreprendre. Dans certains pays, cette mobilité existe, et elle permet à chacun de circuler entre les deux sphères.»
Cette approche, ajoute-t-il, n’implique pas de réduire le rôle de l’État, mais d’en renforcer l’efficacité. «Cela a un coût, bien sûr, mais il existe toujours des marges pour en optimiser le fonctionnement», précise l’intervenant. «L’essentiel est d’orienter la dépense publique vers les secteurs qui ont un impact réel, comme les infrastructures ou les énergies renouvelables.» En somme, pour Ahmed Khalid Benomar, le défi consiste moins à diminuer la présence de l’État qu’à repenser ses instruments d’action. «Dans des pays comme le nôtre, on ne peut pas réussir avec un État minimaliste. Il faut plutôt un État qui se réforme, qui se digitalise et qui soutienne la création de valeur.»
L’intégration régionale, un autre levier manquant
Ce levier, observe-t-il, demeure pour l’instant hors de portée pour toute la région. «Cela ne dépend pas exclusivement de nous», précise-t-il, tout en rappelant que «l’intégration régionale crée un marché d’une taille critique, indispensable à toute dynamique de croissance soutenue.» M. Benomar cite à cet égard, l’exemple de l’Union européenne, où «dans un supermarché, il devient difficile de distinguer si un produit a été fabriqué en Allemagne, en France ou en Espagne.» Le phénomène, poursuit-il, se vérifie également «dans certaines zones de l’Asie du Sud-Est, et même sur le continent africain, notamment à l’échelle de l’Afrique de l’Est, où l’intégration régionale a permis l’émergence d’un marché cohérent et dynamique.»
La réalité régionale limite mécaniquement le potentiel national. «Les spécialistes le reconnaissent : le Maroc peut, dans les conditions actuelles, atteindre un taux de croissance de 5 à 6%. L’intégration régionale, à elle seule, pourrait ajouter deux à trois points supplémentaires», estime-t-il. Et de conclure : «Le Maroc peut prétendre à une croissance plus vigoureuse que celle enregistrée aujourd’hui, mais sans transformations profondes, qui ne dépendent pas uniquement de nous à l’échelle régionale, il sera difficile d’aller au-delà de ce plafond structurel.»
Croissance, inclusion, stabilité
Ahmed Khalid Benomar affirme que la croissance n’a de sens que si elle s’accompagne d’inclusion et de stabilité. «Il ne peut y avoir ni croissance, ni inclusion, sans stabilité», affirme-t-il, rappelant que ces trois dimensions forment les fondations de tout modèle de développement durable. Dans cette perspective, l’économiste insiste sur le rôle central des jeunes du pays. «La jeunesse marocaine incarne un potentiel d’intelligence, de créativité et d’innovation. Encore faut-il lui offrir un environnement de confiance qui lui permette d’exprimer pleinement ses talents et de contribuer à la création de valeur», fait-il observer, ajoutant que le défi dépasse la sphère économique : «Il s’agit aussi d’un projet de société fondé sur les valeurs, l’éducation et la culture entrepreneuriale dès le plus jeune âge.»
Mais entre la vitalité de cette jeunesse et le rythme des institutions, un décalage persiste. «Le discours politique, les partis ou la société civile n’intègrent pas toujours la rapidité avec laquelle les jeunes créent aujourd’hui de la valeur. Beaucoup lancent une entreprise en ligne en quelques clics et vivent de leurs activités numériques», constate-t-il. Face à cette mutation, l’expert estime qu’«il faut accélérer la capacité de l’État à accompagner ces évolutions. Le Maroc n’est pas le plus mal loti, mais il doit aller plus vite», insiste-t-il. Et d’ajouter : «Les jeunes sont désormais des acteurs à part entière de la vie économique et sociale. Le pays doit leur ouvrir davantage d’espaces d’expression et d’initiative.»
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2025-10-07 16:11:00
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