Agence de développement du Haut-Atlas: Comment se déploie le pilotage de la reconstruction
Rebâtir, tout en mettant au cœur de la reconstruction la durabilité comme fil conducteur et transformer la tragédie nationale en un modèle de développement intégré. Ce sont les objectifs de l’Agence de développement du Haut-Atlas (ADHA), supervisée par la Commission interministérielle et le Conseil d’orientation stratégique.
Reconstruction des logements, réhabilitation des routes, revalorisations des unités d’agriculture. En 2 ans, les chantiers ont bien avancé. Reste le développement économique de ces régions sinistrées
«L’Agence porte la lourde responsabilité de transformer l’urgence en opportunité de développement durable», indique son DG Saïd Laith dans sa première interview accordée à L’Economiste. Les défis sont énormes pour cette région exposée en 2023 à une catastrophe sismique et un tremblement qui a fait de grands dégâts.
Normes parasismiques
Onze mois après le séisme du Haouz, les stigmates sont encore visibles. Mais au fil des vallées et des villages, les signes de renouveau se multiplient. Derrière cette dynamique, l’Agence de développement du Haut-Atlas, créée en octobre 2024, joue un rôle clé.
Avec une enveloppe de 120 milliards de dirhams, elle tente de redonner aux habitants espoir et perspectives. Plus de 51.000 familles ont déjà achevé la réhabilitation ou la reconstruction de leurs logements. Cette étape a été rendue possible grâce à 6,9 milliards de dirhams d’aides directes versées aux ménages sinistrés.
Chaque nouveau bâtiment est désormais pensé pour être plus solide et plus sûr. Les normes parasismiques sont appliquées les matériaux choisis pour leur résistance et leur efficacité énergétique et les architectures locales respectées pour préserver l’identité du territoire.
Dans les villages, les enfants reprennent le chemin de l’école: 306 établissements scolaires ont rouvert leurs portes. Dans les centres de santé remis à neuf (103 au total), médecins et infirmiers accueillent de nouveau les habitants.
Gérer la complexité
L’agriculture, poumon économique de la région, bénéficie elle aussi d’un accompagnement. Il en est de même pour les routes. Ces travaux connectent des villages isolés et permettent aux habitants d’écouler leurs produits, de circuler et d’accéder aux services essentiels. Avec 120 milliards de dirhams à gérer, la transparence est cruciale.
L’ADHA s’appuie sur un cadre institutionnel strict: les fonds transitent par le Compte d’affectation spéciale n°126, sous contrôle du ministère de l’Économie et des Finances. Chaque engagement est validé par une commission interministérielle présidée par le chef du gouvernement. En parallèle, des conventions de maîtrise d’ouvrage déléguée permettent de coordonner les projets avec les ministères sectoriels.
«D’abord, gérer la complexité avec plusieurs centaines de projets, sur des secteurs variés, menés simultanément, le respect des délais pour tout livrer d’ici 2029, l’harmonisation de l’action de multiples acteurs publics et privés», indique le DG de l’Agence. «Mais, le plus grand défi reste humain et social pour reconstruire la confiance, garantir l’adhésion et l’inclusion des populations et transformer une tragédie nationale en un modèle de développement durable et résilient pour le Haut-Atlas», conclut le DG.
Des aides et des routes
Plus de 51.000 familles ont déjà achevé la réhabilitation ou la reconstruction de leurs logements, grâce à près de 6,9 milliards de dirhams d’aides financières directes. En détail, pour la reconstruction des logements, sur 57.616 autorisations délivrées, 55.968 chantiers ont démarré (soit plus de 97%) dont 51.154 ont déjà achevé la reconstruction ou la réhabilitation (plus de 91% des chantiers entamés), indique le DG de l’ADHA. Les autres se répartissent entre 2.768 logements à plus de 50% d’avancement, 1.095 à moins de 50%, et 951 à moins de 25%. Les grands axes routiers ont eux aussi retrouvé vie: 64 km de la RN7 connaissent un taux d’avancement compris entre 35 et 80%, tandis que 118 km de routes supplémentaires sont en chantier. Dans le domaine social, 306 établissements scolaires et 103 centres de santé ont été remis en état, garantissant le retour aux services essentiels pour des milliers de citoyens.
L’agriculture en renfort
Le secteur agricole n’a pas été en reste: 386.838 quintaux d’orge ont été distribués à plus de 53 000 bénéficiaires alors que 40.040 têtes de bétail ont été fournies à 4.004 éleveurs. 123 km de seguias ont été réaménagés et 36 unités de valorisation réhabilitées, sans oublier la réalisation de 85 km de pistes rurales, indique le DG de l’ADHA.
Toutes les nouvelles constructions respectent désormais les normes parasismiques, adaptées aux réalités géologiques et climatiques des zones de montagne, insiste Laith. Ainsi, avant chaque chantier, des études géotechniques et architecturales approfondies sont réalisées, et les marchés sont attribués sur la base de cahiers des charges exigeants. «Un système de suivi strict a été mis en place: inspections régulières, expertises indépendantes et validation systématique avant réception des ouvrages», explique Laith. «Nous avons intégré la durabilité avec des choix de matériaux adaptés et résistants, efficacité énergétique, respect de l’architecture locale, valorisation des savoir-faire traditionnels…pour faire de ces zones sinistrées, une vitrine de résilience et de modernité».
B.B.
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2025-09-22 18:07:04
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