Pas de hausse attendue des prix des viandes rouges, mais un retour aux niveaux d’avant la sécheresse reste improbable

Les consommateurs marocains peuvent souffler : les prix des viandes rouges devraient rester stables jusqu’à la fin de l’année. Cette accalmie est le fruit d’un équilibre fragile entre l’offre et la demande, garanti en grande partie par les importations régulières de bovins et d’ovins. Mais si l’heure n’est pas à la flambée, un retour aux tarifs d’avant les vagues de sécheresse demeure hors de portée.

Des prix stabilisés grâce aux importations

À Casablanca, les professionnels du secteur se veulent rassurants. « Les prix actuellement appliqués devraient se maintenir jusqu’à la fin de l’année, dans l’attente de décisions gouvernementales relatives aux exonérations fiscales et douanières sur les importations », affirme Hicham Jouabri, secrétaire régional des grossistes en viandes rouges, contacté par Assahra Al Maghribia. Selon lui, les cours de gros des viandes de veaux brésiliens se situent entre 70 et 75 dirhams le kilogramme, tandis que les viandes de bovins espagnols, locaux ou de veaux oscillent entre 90 et 92 dirhams. Les viandes ovines, elles, varient de 85 à 103 dirhams, le poids de l’animal restant déterminant dans la fixation du prix.

Les moutons de grande taille, souvent destinés à l’Aïd Al-Adha, se révèlent ainsi plus abordables que les petits ovins importés, très demandés par les ménages. Dans les boucheries, les prix de détail affichent une fourchette de 80 à 120 dirhams, des disparités liées aux différences régionales et au coût des loyers commerciaux.

Une offre soutenue mais vulnérable

Les abattoirs de Casablanca traitent environ 400 têtes de bovins par jour, à l’exception des vendredis et dimanches. Cet approvisionnement est renforcé par des arrivages en provenance d’autres régions, comme Sidi Ismaïl. Jouabri prévient toutefois d’un risque de hausse concernant le veau brésilien, très prisé sur les marchés internationaux. Avec un cheptel estimé à 234 millions de têtes, le Brésil attire désormais les marchés européens confrontés à un déclin de leurs troupeaux, ce qui pourrait peser sur les prix au Maroc.

Un marché encore marqué par la sécheresse

Jamal Farhane, secrétaire provincial du secteur du transport des viandes rouges et des détaillants à Casablanca, souligne pour sa part que le prix du buffle brésilien se situe entre 70 et 80 dirhams le kilogramme, alors que les autres catégories demeurent stables. Il n’hésite pas à rappeler l’impact de la décision royale de suspendre la célébration de l’Aïd Al-Adha cette année : « Sans cette mesure, les prix auraient dépassé le seuil des 200 dirhams. »

Pour Farhane, l’hypothèse d’un retour aux prix d’avant la sécheresse est illusoire. Les pertes considérables subies par le cheptel national de moutons et de bovins ont durablement modifié l’équilibre du marché. Il plaide pour un encadrement plus strict des abattages, en élargissant notamment l’interdiction qui touche déjà les brebis aux femelles bovines, afin de renforcer le cheptel local et tendre vers une souveraineté alimentaire dans ce secteur.

Si la stabilité des prix jusqu’à la fin de l’année apporte un répit bienvenu aux consommateurs, les professionnels s’accordent à dire que le marché reste exposé aux fluctuations internationales et aux effets persistants des sécheresses successives. La souveraineté nationale en matière de viandes rouges, martelée comme un objectif stratégique, passera par un soutien renforcé au cheptel local et par une gestion plus rationnelle des importations.