Exportations d’habillement : le Maroc résiste dans un marché européen sous pression

Au premier semestre 2025, les importations d’habillement de l’Union européenne (UE) ont atteint 43,4 milliards d’euros, en hausse de 12,3% par rapport à la même période de 2024 (38,6 milliards d’euros). Malgré cette progression en valeur, les prix moyens ont reculé de -2,3%, traduisant une pression concurrentielle accrue et un glissement du marché vers les produits bon marché, selon les dernières données publiées par Jean-François Limantour, président du Cercle euro-méditerranéen des dirigeants textile-habillement (Cedith).

La Chine reste de loin le premier fournisseur de l’UE, avec des exportations atteignant 11,26 milliards d’euros, soit une progression de 22,3% en un an. Sa part de marché passe de 23,8 à 26%, confortant sa position dominante. Le Bangladesh se maintient à la deuxième place, avec 10,29 milliards d’euros (+17,9%), représentant désormais 23,7% du marché. La Turquie, en revanche, enregistre un repli de 7%, tombant à 4,27 milliards d’euros et voyant sa part chuter à 9,8% contre 11,9% un an plus tôt. Pour rappel, l’UE compte plus de 200 fournisseurs d’habillement. Cependant, les importations sont fortement concentrées : à eux seuls, les trois premiers exportateurs – Chine, Bangladesh, Turquie – représentent 59,5% des importations européennes d’habillement.

Le Maroc : croissance modérée, mais…

Le Maroc conserve sa 8e position parmi les fournisseurs de l’UE, avec 1,36 milliard d’euros d’exportations au premier semestre 2025, soit une progression de 2,6% sur un an. Toutefois, sa part de marché diminue à 3,1%, contre 3,4% un an auparavant. Ce recul relatif s’explique par la dynamique beaucoup plus marquée des pays asiatiques, qui captent une part croissante du marché.

D’ailleurs, outre la Chine et le Bangladesh, l’Inde affiche une croissance de 15,4%, atteignant 2,70 milliards d’euros et gagnant du terrain avec 6,2% de part de marché. Le Cambodge réalise une performance remarquable (+30,4%), franchissant les 2,07 milliards d’euros pour atteindre 4,8% du marché. Le Vietnam suit la même tendance (+17,3%), avec 2,02 milliards d’euros et 4,7% de part. Le Pakistan progresse, également, (+16,6%), à 1,86 milliard d’euros, soit une part de 4,3%.

Malgré cela, le Maroc demeure le premier fournisseur africain de vêtements à l’Union européenne. Il devance la Tunisie, neuvième du classement. La Tunisie enregistre une baisse de -3,9%, avec 1,13 milliard d’euros et une part de marché réduite à 2,5%.

Ainsi, contrairement aux fournisseurs asiatiques, la situation n’est pas brillante pour les exportateurs méditerranéens : les ventes de la Turquie et de la Tunisie reculent. Cette baisse a été atténuée par la progression modérée du Maroc.

«Alors que les importations venant d’Asie progressent de 19% au premier semestre 2025 pour une part globale de 75,8% des importations totales de l’UE, celles venant des fournisseurs méditerranéens baissent de 4% avec une part limitée à 16,5%. Cette évolution est une conséquence du glissement de la consommation vestimentaire européenne vers le bas/moyen de gamme, marché dans lequel – avec leurs bas salaires et leur domination comme producteurs de matières premières textiles – les exportateurs asiatiques sont hyper compétitifs», estime Jean-François Limantour. Selon cet expert, au cours des prochains mois, les surtaxes protectionnistes décidées par Donald Trump devraient, si elles sont maintenues, provoquer un intérêt encore plus vif des producteurs asiatiques pour le marché européen et donc générer une concurrence accrue avec comme principale conséquence, une très forte pression sur les prix et des marges de tous les acteurs de la filière.